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Réglementation législative de la réserve de biosphère de Pendjari

Les Réserves de Biosphère ont donc été conçues pour conserver la diversité des plantes, des animaux et des micro-organismes tout en assurant les besoins matériels et les aspirations des populations humaines de plus en plus nombreuses qui y vivent (MAB-UNESCO, 1990).La Réserve de Biosphère de Pendjari a acquis son statut de Réserve de Biosphère Transfrontalière en 1986 par le biais du programme MAB-UNESCO après avoir obtenu son statut de Parc National le 13 Décembre Elle couvre une superficie de 4711.4 km2 et est localisée à l’extrême pointe nord-ouest de la République du Bénin entre les latitudes 10°30 et 11°30 N et les longitudes 0°50 et 2°00 E.

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Source: Image LANDSTAT TM 2016. Carte de la Réserve de Biosphère de la Pendjari

Intérêt écologique de la réserve de biosphère de Pendjari

La RBP fait donc partie des réserves de biosphère au monde les moins impactées par les actions anthropiques. En plus de son rôle de sanctuaire pour de nombreuses espèces végétales, animales fongiques etc., la RBP constitue aussi un couloir de brassage génétique entre les animaux, les végétaux et les champignons des pays voisins notamment ceux du Burkina et du Niger. Elle permet donc à beaucoup d’espèces de recoloniser d’autres grands espaces où elles auront la chance d'échapper à l’extinction.

La réserve de biosphère de Pendjari: une île d'une biodiversité exceptionnelle

La RBP est d’une beauté exceptionnelle vue la variété de son paysage caractérisée par la diversité des différents types de formations végétales allant des savanes herbeuses aux forêts claires. On y dénombre des espèces végétales phares africaines à savoir le Baobab (Adansonia digitata), le Borassus aethiopum (arbre épineuse dont raffole les éléphants), de Tamarindus indica encore appelé tamarinier et dons les fruits servent à la fabrication de jus de tamarinier très consommés par les populations autochtones. On peut observer à certains moments les babouins se délecter à consommer ce fruit de même que ceux du karité (Vitellaria paradoxa) dont seules les amandes sont laissées au sol pour produire d’autres plants dans des conditions propices. Les fruits de ces arbres sont aussi utilisés pour produire du jus de tamarin (Tamarindus indica), du beurre de karité (Vitellaria paradoxa), de l’huile (Borassus aethiopum), du jus de baobab ou des poudres à base de feuilles de baobab. L’usage ou la vente de ces produits peut se faire de façon régulière ou n’avoir lieu qu’en cas d’urgence ou de malheur. Dans ce dernier cas, ces produits remplissent donc une fonction « d’assurance naturelle » ou de filet de sécurité pour les populations. A ce jour, aucune connaissance exacte du nombre d’espèces végétales présent dans la RBP n’a été révélée, ce qui est totalement différent de la faune.

La faune étant l’attraction principale du parc, est beaucoup plus renseignée. La liste exhaustive des mammifères de la RBP porte à plus de 61 espèces. On compte une dizaine d’espèces d’antilopes. Les célèbres réserves du Massaï Mara au Kénya en comptent juste une de plus. La plus abondante est le cobe de buffon (Kobus cob), la plus grande l’hippotrague (Hippotragus equines) encore appelée antilope cheval, la plus rare étant le damalisque (Damaliscus sp) et la plus gracieuse, le  guib harnaché (Tragelaphus scriptus). Les autres herbivores les plus recherchés par les touristes du monde et présents dans la RBP sont  l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana), l'hippopotame (Hippopotamus amphibius), espèce phare des zones humides de la RBP, le phacochère (Phacochoerus africanus) et le buffle d'Afrique (Syncerus caffer). A part ces herbivores, nous distinguons une quinzaine de carnassiers dont les plus populaires sont le lion (Panthera leo), l’hyène (Crocuta crocuta), le léopard (Panthera pardus) et l’animal emblème de la RBP, le guépard (Acinonyx jubatus) qui constituent les supers prédateurs s’attaquant aux plus grandes espèces. Quant aux petits félins à savoir Serval (Leptailurus serval), le chat sauvage (Felis silvestris libyca), la mangouste rouge (Galerella sanguinea) et le chacal à franc rayé(Canis adustus) etc., ils chassent les petites proies et même des insectes.

 

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Elephant d’Afrique (Loxodonta africana) de la RBP (Photo prise le 20 Février 2018)

L’avifaune avec près de 378 espèces d’oiseaux (Grell, 2002) y est également représentée avec des espèces plus fréquentes notamment ignicolore: Euplectes orix; Tourterelle à collier: Streptopelia semitorquata; Bergeronnette printanière: Motacilla flava (Assèdé, 2006). Tous les oiseaux ne sont pas permanents. D’autres sont saisonniers, d’autres passagers mais tirent profit de cette région et y apportent leur contribution écologique. La diversité de leurs couleurs, de leurs formes et de leurs chansons offrent une vue et des concerts époustouflants à l’aube comme au coucher du soleil donnant l’impression de renaitre et d’être en communion avec la nature. La sensibilité de certains oiseaux aux variations microclimatiques, la nature de leur régime alimentaire et le changement de leur nombre à un moment donné, leur confère une valeur bio-indicatrice. Aussi, Les oiseaux présentent un intérêt socio-économique pour les populations avoisinant la RBP à cause de leur exploitation pour la consommation, du commerce de spécimens vivants ou morts pour les pratiques magico-religieuses.

 

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Vautours de la RBP (Photo prise le 20 Février 2018)

Pour les sauterelles, papillons diurnes et libellules, qui sont des insectes, les études réalisées par Grell ont relevé une diversité considérable (CENAGREF, 2005).En somme, la RBP bénéficie d’une diversité d’habitats et d’un réseau hydrographique relativement développé qui justifie la diversité biologique (faunistique et floristique) qu’elle abrite. De ce fait elle offre des opportunités pour de multiples activités de grande importance économique (Gaoué, 2000) et favorise ainsi l’installation des populations en bordure de cet écosystème.

Réserve de biosphère de Pendjari - relations intercommunautaires: le savoir endogène à l'épreuve de sa conservation

Vingt petits villages sont autour de la RBP avec une population estimé à 300 000 habitants au total (CENAGREF 2005). La RBP est une vraie mine d’or pour les populations rurales en termes de Produits forestiers Non Ligneux. Pour Monsieur Léon Séro, un pêcheur du village de Porga dans la commune de Matéri, la RBP a permis une utilisation durable des ressources aquatiques. D’après lui, aujourd’hui comme bien avant, il est très aisé de pêcher les poissons dans les eaux avoisinants la RBP. Cela aussi a permis de perpétuer cette activité très rare dans les régions du nord marquées par un assèchement rapide des cours d’eau et une disparition des poissons dans la plus part des cours d’eau à cause de la surexploitation de leurs populations. Quant à  Monsieur Wazid Kokou, écoguide touristique, la présence de la RBP a permis  un essor économique de toute la zone. La RBP a permis à la zone d’être connue de part le monde et d’attirer de milliers de touristes qui s’hébergent dans nos hôtels, achètent des objets d’art auprès de nos populations autochtones et mangent dans nos restaurants. Pour Monsieur Ibrahim Lékpo, un cultivateur du village de Sépounga dans la commune de Tanguiéta, la présence de la RBP a permis de conserver des espèces inexistantes dans d’autres écosystèmes du Bénin mais qui leur sont très importantes pour guérir certaine maladie ou accomplir des rituels. Une étude ethnobotanique a montré que les populations environnantes de la RBP utilisent énormément les plantes dans leurs médecines traditionnelles et leurs rituels. Ainsi rien que pour le traitement des troubles menstruels et d’allaitement, cinquante sept plantes médicinales ont été dénombrées dont  Sarcocephalus latifolius (JE Sm.) EA Bruce, Daniellia oliveri (Rolfe) Hutch. & Dalz, Terminalia avicennioides Guill. & Perr, Ficus gnaphalocarpa (Miq.) ex A. Rich (Deleke-Koko et al. 2009).

Par ailleurs, les connaissances traditionnelles des communautés environnantes ont longtemps aidé à protéger la RBP et à valoriser ces ressources de même que les espèces importantes qu’elle contient. Longtemps, les connaissances traditionnelles acquises de génération en génération ont permis de connaitre de façon exacte les espèces présentes dans la RBP, leurs mœurs, leurs identifications à travers des empreintes laissées par leurs pattes et les endroits où ils sont facilement observable. Les parfaites connaissances des populations autour de la RBP sont aussi utilisées pour traquer les braconniers, repérer les habitants qui y habitent et qui sont susceptibles de commettre des actes de braconnages. Aussi, les communautés locales se sont regroupées en Associations Villageoises de Gestion de la Réserve de la Faune et travaille de commun accord avec les gestionnaires du Parc pour sensibiliser les populations riveraines sur la nécessité de préserver la faune et son habitat, aider les services compétents de l'Etat à assurer la surveillance de la Zone Cynégétique de la RBP, promouvoir une gestion durable de la faune qui soit profitable aux communautés riveraines et participer à la gestion durable de la Zone d'Occupation Contrôlée et de la Zone Tampon.

La RBP et les villages environnants constituent ainsi donc un système de symbiose dont l’existence de l’un influence positivement sur l’existence de l’autre. C’est un système à promouvoir car offrant des intérêts à tous les niveaux.

Le potentiel économique de la réserve de biosphère de Pendjari

Le nombre de visiteurs du parc est estimé en moyenne à 6500 ces cinq dernières années, ce qui est insuffisant au regard de son potentiel. En 2018, l’Etat béninois a conféré sa gestion à African Park et cette collaboration entre secteur public-privé envisage investir 26 millions de dollars sur dix ans renouvelables, pour protéger, renouveler et développer la RBP afin d'exploiter au maximum son potentiel. Les prévisions envisagent donc que cet investissement sans précédent va générer 400 emplois et passer de 6 500 à 9000 visiteurs dans les dix prochaines années (Journal la nation dans sa parution du 19 Janvier 2017 : www.lanationbenin.info). La RBP est en pleine restructuration et constituera pour le Bénin dans les 10 prochaines années une source de devise sure et fiable.

Menaces sur la RBP

La première menace est la mauvaise gestion de la RBP qui par le passé a laissé certaines infrastructures se détériorer sans entretien. La mauvaise gestion est aussi le vivrier sur lequel surfe les autres menaces.

Nous avons comme deuxième menace et ceci généralement pour toutes les réserves, le braconnage qui détruit la faune et menace d’extinction de nombreuses espèces protégées. Cette menace pèse sur les animaux emblématiques comme l’éléphant et le lion. Ces animaux sont braconnés pour différentes raisons à savoir la viande, le commerce international, les trophées etc. Les braconniers sont souvent des habitants aux alentours de la RBP à la quête du gain facile et c’est pourquoi la collaboration avec les populations environnantes est importante pour les appréhender.

La dernière menace est l’avancée du front cultural et le pâturage qui grignotent les habitats des animaux protégés. Le fait que certains animaux sauvages viennent quelque fois ravager les cultures des populations occasionne aussi leur abattage.

Ces dernières années, la gestion de la RBP par la structure étatique CENAGREF (Centre National de Gestion des Réserves de Faune) a montré toutes ces limites. En plus de la recrudescence du braconnage, de la rupture de partenariat entre structure étatique et association de gestion de la faune, des infrastructures touristiques ont été aussi délaissés. A la marre à crocodile de Bali, par exemple, premier passage de curiosité pour tous les touristes, les mauvaises herbes ont envahi une bonne partie de la surface de l’eau, une situation inconfortable pour les guides et les touristes. La RBP avait donc perdu toute son attractivité. Le manque de professionnalisme, le détournement des revenus issus du tourisme, le manque d’investissement et d’ambition politique à l’égard de ce secteur d’importance ont conduit au manque d’enthousiasme des touristes à visiter la RBP.

Heureusement, tous ces problèmes sont surmontables. Un nouveau partenariat entre la National Geographic Society, African Parks, la Wyss Foundation a été annoncé pour restaurer la sécurité de la RBP  et réhabiliter cette dernière. L’arrivée de ce partenariat est opportune et nécessaire. Ce nouveau partenariat permettra d’investir 23 Millions USD pour restaurer et revitaliser le paysage extraordinaire de la Pendjari grâce à une meilleure efficacité opérationnelle, une meilleure recherche scientifique, des technologies innovantes et le développement d’une identité forte, visuelle et engageante pour la RBP.

Quelques moyens pour soutenir la préservation de la réserve de biosphère de Pendjari

Pour soutenir la préservation de la RBP, il faut une reprise de la collaboration entre les nouveaux gestionnaires (African Park) et les organisations de gestion villageoise (AVIGREF) qui sont des structures clés de lutte contre le braconnage dans la RBP.

Il faut que les structures étatiques, les ONG et les organisations internationales telles que l’IUCN, le WWF encouragent, aident le développement touristique et maintiennent la pression et les demandes auprès des autorités pour garantir une gestion efficace.

Il faut proposer à certains braconniers ou ex braconniers de parrainer un ou projet de surveillance comme ceux mis en place dans la réserve du Masai Mara au Kénya.

Il faut promouvoir dans les villages riverains, des techniques d’agriculture intensive par l’utilisation de biofertilisant. Il faut amener les agriculteurs vers une agriculture biologique et intensive pour limiter l’avancée du front agricole. La promotion du tourisme favorisera aussi la conversion de certains agriculteurs en écoguide.

Références

Assèdé E. 2006.Conservation de la biodiversité: étude de la végétation et de la diversité des amphibiens et oiseaux des petites mares des terroirs riverains et du Parc National de la Pendjari. Thèse d’Ingénieur Agronome. Faculté des Sciences Agronomiques. Université d’Abomey-calavi, Bénin.87p.

CENAGREF, 2005. Plan d’Aménagement Participatif et de Gestion  2004-2013. Parc National de la Pendjari, Bénin, pp 83 + Annexes.

Gaoué O. G. 2000. Facteurs déterminants pour le zonage de la zone cynégétique de la Pendjari comme base de gestion intégrée. Thèse d’ingénieur Agronome., FSA/UNB, Bénin, 106p.

Grell O. 2002. Identifier les espèces indicatrices de l’état des biotopes sur la base des études sur l’entomofaune, les reptiles, l’ichtyofaune et l’avifaune. Rapport de mission scientifique. CENAGREF-GTZ. 54p.

DELEKE KOKO I. K. E., DJEGO J. SINSIN Brice. 2009. Etude ethnobotanique des plantes galactogènes et emménagogues utilisées dans les terroirs riverains à la Zone Cynégétique de la Pendjari. Int. J. Biol. Chem. Sci. 3 (6): 1226-1237.

MAB-UNESCO (1990). Pendjari (Bénin) : Contribution aux études d'aménagement du parc national et de sa zone périphérique. Rapport d'études. ENGREF/FSA, Cotonou, Bénin. 103 p.

Programme d’Appui aux Parcs de l’Entente (PAPE) Composante 2 Bénin. 2014. Dénombrement pédestre de la faune dans les réserves de biosphère de la Pendjari et du W-Bénin. CENAGREF. 127 pages

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